À propos

Mon premier est un moutard haut comme trois pommes qui, dans le clair-obscur labyrinthique du métro parisien, s’est un jour vu offrir par un inconnu une photo en noir et blanc – une tête de cheval aux yeux vifs -, point de départ d’une vocation photographique.

Mon deuxième est un marmot toujours court sur pattes qui, durant les repas de famille, restait agrippé à son appareil photo comme un mollusque bivalve à son rocher. Mon deuxième enchaînait alors avec jubilation les clichés aux cadrages insolites, cisaillant le visage du frangin pour le transformer en cyclope, tronçonnant la boîte cranienne du paternel à hauteur des sourcils.

Mon troisième est un ado qui a mis un pied, la tête, puis le corps entier dans une école privée d’Ivry-sur-Seine afin de se perfectionner à cette technique singulière, inventée par Niépce et améliorée par Daguerre, consistant à obtenir l’image durable des objets par l’action de la lumière sur une surface sensible.

Mon quatrième à débuté sa vie professionnelle en Ile-de-France avant, tel un héliotrope, de tourner son regard là où le soleil se lève, puis de poser son barda en Franche-Comté pour prendre racine aux côtés d’une jolie pâquerette autochtone.

Mon cinquième a pour aire de jeu privilégiée la nature, tantôt caressée, tantôt rudoyée par les saisons. Une nature parsemée d’aspérités, de creux et de falaises abruptes, jalonnée de bosses, de thalwegs et de protubérances rocheuses. Vous l’aurez compris mon cinquième a un besoin viscéral de s’aventurer en montagne, quelle que soit la saison, à l’intérieur comme en dehors de l’Hexagone.

Mon sixième déambule, les cinq sens en éveil, avec deux yeux vairons en bandoulière : l’un est façonné par la technologie numérique, l’autre par son aînée, la faussement défunte technologie argentique. Lorsqu’il croit trouver la lumière parfaite, mon sixième s’immobilise instantanément tel un chien d’arrêt flairant le gibier.

Mon septième affectionne les plans très rapprochés, sans doute parce qu’il est sans cesse à la recherche de nouveaux et grands espaces. Un paradoxe ? Pas sûr… Car l’infiniment grand se love dans l’infiniment petit. Et ce ne sont pas les microscopes qui démentiront !

Mon tout est un photographe franchement sympathique et talentueux qui modèle ses créations comme un sculpteur taille des blocs de pierre.

Solution : Jean-François Lami
Texte : Alexandre Bollengier